Wednesday, September 16, 2009

Diana Krall - "Le Monde" review

http://www.lemonde.fr/culture/article/2009/09/16/diana-krall-lenteur-perlee-et-chorus-endiables_1241266_3246.html#ens_id=1241350

Critique
Diana Krall, lenteur perlée et chorus endiablés
LE MONDE 16.09.09

Et si la force - pas le succès, mais la force -, de Diana Krall, pianiste authentique, chanteuse canadienne, trop glamour à son corps défendant, autant aimée du public que guettée par la critique, tenait à un petit tas de contradictions ? D'insolents enchaînements de piano-bar. Une élégance de femme du monde (mais comment donc s'y prend-elle pour jouer des pédales avec ces talons aiguilles ?). Un certain côté garçonne. Un menton de séductrice, alors que, depuis qu'elle se fait loquace, elle n'arrête plus de parler de sa vie de famille, ses jumeaux, tout ça. Dédiant une formidable romance à l'époux (Elvis Costello) qu'elle imagine en train de donner la becquée, là-bas, au Canada, aux deux marmots.

Dans toute musique, l'impossible, c'est de pouvoir jouer lent. Pas de savoir : de pouvoir. Or, dans ses moments de suave lenteur, Diana Krall ne peut s'empêcher de retourner à sa passion d'enfance : le piano des maîtres du "stride", dont son père, Mr Krall, possédait une pile aussi haute que le mont Asgard. Le problème, c'est que le "stride" reste la musique la plus facile à jouer mal. Elle s'en fiche et s'en amuse, comme les amateurs adorent le faire. Pourquoi ? Elle aime ça. Terminé. Sur ce, elle replonge dans la lenteur perlée qui fait fondre. La voix devant.

Pour son premier concert d'une série de trois à l'Olympia, en quartet, Diana Krall met à bout de bras le public debout. A bout de bras, parce qu'elle alterne les standards, les chansons de son cru et quelques airs du Brésil qu'elle a toujours aimé jouer, telle une meneuse de revue. A bout de bras, tant ses bras déliés affichent une musculature efficace pour les tempos les plus retenus, pianissimo, le phrasé perlé dans les ballades, bref, la musique. Et sa voix dedans. Entre Quiet Nights (Jobim), titre du douzième album, et The Boy from Ipanema au rappel, elle insère des chorus pêchus plus endiablés que convaincants. Mais, avec délicatesse, distance brechtienne, douce arrogance, elle met le public debout - en douceur. C'est tout.
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Diana Krall à l'Olympia, jusqu'au 17 septembre. 28, boulevard des Capucines, Paris-9e. Mo Madeleine. De 71,50 € à 115 €. Sur Internet : www.olympiahall.com
Francis Marmande

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